Je n'ai jamais visité une brasserie artisanale
05 août 2021 — Territoire
A 36 ans, Antoine Heullant est l’âme de la brasserie Monolith Brewery. Dans son hangar situé au Houlme, il élabore méthodiquement des bières aux goûts constellés de références chères aux passionnés de science-fiction, fantastique ou heroic fantasy.

En franchissant les portes de la brasserie d’Antoine, la première impression est celle d’une joyeuse pagaille et d’une ambiance bon enfant. Adjacents à de nombreux cartons, de larges sofas font face à un comptoir présentant plusieurs bouteilles de bières. Sur les tables des BD Star Wars, aux murs un drapeau de la Bretagne et un poster de pin-up accueillent les visiteurs qui ne manquent pas d’être vite intrigués par l’arrière-boutique, bien visible : le laboratoire et l’antre du maitre des lieux. Là où tel un sorcier confectionnant de mystérieuses potions magiques, il travaille sans relâche à réaliser les meilleures bières possibles. Et c’est avec passion et sans pression qu’il détaille l’envers du décor.
La visite débute par la zone de stockage des grains, contenus dans de lourds et amples sacs. « Ici, c’est la matière première, en malt pur : uniquement des céréales maltées. Cela revient plus cher mais c’est une garantie de vraie saveur. L’orge malté donne en plus un agréable goût de biscuit ». Ensuite, on passe au niveau supérieur, c’est le laboratoire où les ingrédients incontournables se succèdent sur les tables : farine complète, billes d’amidon... Les instruments ne prennent pas beaucoup de place, contrairement à la volumineuse cuve de brassage. « Là, je touille les céréales, cela peut durer jusqu’à une heure et demie. Après, il faut filtrer afin de transformer l’amidon en sucre ». La grosse marmite absorbe aussi les échappées belles de l’imagination culinaire, une façon d’engranger de l’expérience et de débloquer du nouveau contenu, comme dans un jeu vidéo. « On peut ajouter tout ce qu’on veut : des champignons, du jus de citron. J’expérimente constamment. Et j’ai à la maison un carnet plein de recettes ! » Au moment d’entrer dans la chambre de fermentation qui offre une fraicheur bienvenue, un souvenir cinématographique, et horrifique, fait irruption. Les cuves ressemblent à s’y méprendre aux cocons vus dans Alien, le chef d’œuvre de Ridley Scott. « On pourrait en effet croire que des xénomorphes, ces araignées extraterrestres, sont à même de surgir des cuves mais pas du tout, je vous rassure ». Une coïncidence savoureuse à double titre car on touche ici à l’autre passion d’Antoine : l’imaginaire. « Je suis rôliste, gamer et aussi lecteur de BD, de livres. La science-fiction, le fantastique, l’heroic fantasy, tous ces univers me parlent. Quand je pense recette, je pense saveurs et références, je m’efforce de les relier entre elles ».
Un simple coup d’œil aux descriptifs des bière faites maison suffit à s’en convaincre : pour Antoine, la conception d’une bière se fait suivant une équation complexe et pourtant moins alambiquée qu’il n’y paraît. « La LV-426, c’est un clin d’œil à Aliens, le film de James Cameron. Ces lettres et ces chiffres désignent la planète où se déroule l’action. Et le goût de la bière varie selon les cuvées. C’est un peu la surprise, comme ce qui peut jaillir d’un œuf d’alien, justement ». En parcourant les étiquettes, des auteurs, des scènes et des images apparaissent aussi dans la mémoire, comme pour la Walking Bread. « En anglais, bread veut dire pain. Et Walking Dead est un comics évoquant un monde envahi par des zombis. Pour cette bière, j’utilise du pain invendu du boulanger de mon village. Il m’en fait des tranches pour en faire de la biscotte. Ça lui donne une seconde vie et me permet d’apporter de la texture et un goût toasté à la boisson ». Pour le moment, six bières sont estampillées Monolith Brewery. Il est possible d’aller les chercher à la brasserie et de les déguster sur place, le vendredi après-midi ou le samedi dans la journée. Antoine répond à toutes les questions, propose des visites et peut aussi fournir jeux de société et jeux de rôle pour une partie improvisée. Il est ouvert à toutes les suggestions. « Avoir des retours c’est toujours intéressant. Je me suis autoformé au métier depuis 2016, en lisant, en expérimentant et en faisant goûter autour de moi, à mes copains et à mes voisins. Ils étaient toujours contents de me voir arriver pour des séances de dégustation. D’ailleurs certains voisins sont devenus après des copains ! »
La page web de la brasserie est en construction, il faut privilégier la page Facebook de Monolith Brewery pour échanger directement avec Antoine.