Bitume recyclé : une seconde vie pour la RD 29
26 juin 2025 — Mobilité
Sur la RD 29, le Département de la Seine-Maritime teste une nouvelle technique pour rénover la chaussée en la recyclant directement sur place.

Sur cet axe très fréquenté du pays de Caux, entre Trouville-Alliquerville et Grand-Camp, les voitures roulent en alternance, guidées par des feux temporaires. À quelques mètres, un convoi d’engins de plusieurs dizaines de mètres progresse lentement. Il gronde, fait trembler le sol, soulève des volutes de poussière. Les automobilistes qui patientent deviennent, l’espace d’un instant, les témoins curieux d’un chantier pas comme les autres.
Un procédé innovant
Sur ce tronçon de 1,8 km de la RD 29, le Département a confié à la société Eurovia la réalisation d’un chantier expérimental à fort enjeu écologique. Plutôt que de refaire entièrement la route, l’objectif est de réutiliser ce qui est déjà sur place. Habituellement, rénover une route consiste à la raboter, évacuer les gravats et apporter de nouveaux matériaux. Ici, on fait autrement. Une énorme machine gratte le revêtement abîmé, le mélange avec un produit liant (appelé émulsion) et un peu de ciment, puis remet le tout en place. L'ensemble est compacté, nivelé et recouvert d’une fine couche de gravillons. « C’est un peu comme réparer un matelas en réutilisant la mousse d’origine », explique Annabelle Marais, chargée de mission à la Direction des Routes.
Ce procédé se déroule en trois phases : d’abord le recyclage proprement dit, qui a débuté le 11 juin et duré quelques jours. Ensuite une phase de « repos » de trois semaines durant laquelle les voitures peuvent déjà circuler. Et enfin la pose de la couche finale, enrobé et marquage compris, qui prendra fin mi-juillet. Au total, les travaux auront duré un mois.
Réduire l’empreinte écologique
Cette méthode, appelée retraitement en place à froid, évite des dizaines de trajets de camions : pas besoin de transporter des gravats ou d’aller chercher des tonnes de gravier neuf. Résultat : 64 % de CO₂ en moins par rapport à un chantier classique. « En réutilisant les matériaux sur place, on évite à la fois l’extraction en carrière et les allers-retours de camions. C’est une solution plus sobre, qui contribue à la décarbonation des travaux routiers », souligne Marie Willems, cheffe de chantier pour Eurovia.
« Le surcoût de cette technique par rapport à la méthode traditionnelle est modeste, de l’ordre de 1,6 %. Mais si on l’utilise plus souvent, les coûts devraient naturellement baisser », précise Patrice Levasseur, adjoint au responsable de l’agence des routes de Saint-Romain-de-Colbosc. Le Département, engagé dans la transition écologique à travers son Plan Climat 76, entend bien tirer tous les enseignements de cette expérimentation. Si le résultat est concluant, ce procédé pourrait être appliqué au reste de la RD 29, puis étendu à d’autres routes départementales.