Pommes en stock
26 février 2025 — Agriculture
Alors que les portes du Salon International de l’Agriculture (SIA) viennent de s’ouvrir à Paris, le Département se met en mode « fruit style ». En attendant le retour du printemps dans les vergers, la « route des fruits » est à l’honneur du stand 76 et les acteurs de la filière à la une du site internet, avec notre série d’articles et de vidéos, pour tout savoir sur l’arboriculture en Seine-Maritime. Aujourd’hui, entretien avec Denis Lerooy, producteur de pommes au Verger de Belaître.

À Quevillon, charmant village bordé par un méandre de la Seine, la famille Lerooy cultive la pomme avec passion. En 2008, elle donne naissance au Verger de Belaître avec l’envie de produire des fruits de qualité en agriculture biologique. Spécialisée dans la vente en circuit court, elle a récemment adopté un ingénieux système de conservation en atmosphère contrôlée, prolongeant la fraîcheur de ses pommes bien après la récolte. Rencontre avec Denis Lerooy.
Quelle est l’histoire de votre verger ?
Avec mon épouse Nathalie, nous avons tout créé de A à Z. Autrefois, cette terre appartenait à ses grands-parents et servait de prairie pour l’élevage de vaches. Nous avons planté notre premier hectare de pommiers en 2008, suivi de cinq hectares supplémentaires neuf ans plus tard. Dès le départ, le choix du bio s’est imposé. Aujourd’hui, nous cultivons 25 variétés de pommes. Des anciennes comme la Reine des Reinettes ou la Belle de Boskoop, mais aussi des plus récentes, qui plaisent aux jeunes pour leur belle apparence. Nous produisons aussi un peu de poires, mais en quantité très limitée.
Comment commercialisez-vous votre production ?
Nous vendons exclusivement en circuit court : sur le marché du Clos Saint-Marc à Rouen, via une douzaine d’Amap (Malaunay, Elbeuf-sur-Seine, Maromme…) et en vente directe à la ferme chaque dimanche. Pour valoriser au maximum notre production, nous faisons aussi transformer une partie de nos pommes en jus, en pétillant sans alcool et, plus récemment, en purée de pomme, sans sucre ajouté ni conservateurs.
Vous avez mis en place une méthode de conservation particulière. En quoi consiste-t-elle ?
Nous avons investi dans un système de conservation en atmosphère contrôlée. Concrètement, les pommes sont stockées en chambre froide dans des palox hermétiques. Ces caisses sont équipées de membranes spécifiques qui régulent les échanges gazeux : elles laissent passer une petite quantité d’oxygène et de dioxyde de carbone tout en maintenant un taux d’humidité optimal. En réduisant l’oxygène à un niveau très bas, on ralentit naturellement le métabolisme du fruit, ce qui limite son mûrissement et prolonge sa fraîcheur sans altérer son goût ni sa texture.
Quels avantages apporte ce procédé ?
Il nous permet d’étaler la vente de nos fruits sur la saison et de garantir aux consommateurs des pommes aussi croquantes qu’au moment de la cueillette. En plus, cela réduit les pertes et nous évite de recourir à des procédés plus énergivores. Avec ce système, nous pouvons théoriquement conserver nos fruits jusqu’à l’été. Mais cette année, avec la faible récolte de l’automne dernier due au gel, nous aurons épuisé nos stocks dès le mois de mars.
L’installation de ce système a représenté un coût important ?
Oui, ces modules de conservation représentent un investissement important. Nous avons commencé par en tester quelques-uns avant de compléter notre équipement. Chaque palox coûte près de 500 euros, ce qui représente une somme non négligeable. Grâce à une aide du Département, nous pourrons bientôt en acquérir dix de plus, ce qui renforcera notre capacité de stockage. C’est un vrai coup de pouce pour nous.
Après une récolte 2024 compliquée, comment envisagez-vous la suite ?
L’hiver est froid, ce qui est une bonne chose pour la floraison. Ce qu’on craint toujours, ce sont les redoux précoces suivis de gelées tardives, mais pour l’instant, les conditions sont plutôt favorables. On veut aussi continuer à diversifier nos variétés, renforcer la vente directe et développer la cueillette au verger. L’idée, c’est de créer encore plus de lien avec les consommateurs en leur faisant découvrir notre métier.
Plus d’informations : https://vergerdebelaitre.fr/