Portrait d'agent : Isabelle, chargée de mission sauvegarde et rénovation patrimoniales

 
Isabelle Maraval est le parfait exemple de l’agent incarnant les valeurs du service public. Alors qu’approche l’heure de la retraite, elle aura consacré toute sa carrière à la fonction publique territoriale, en intégrant seulement deux collectivités. « J’ai travaillé trois ans au Département de la Savoie puis j’ai été recrutée par celui de la Seine-Maritime lorsque j’ai rejoint mon mari sur Rouen ».
Les années ont défilé, Isabelle a gravi les échelons de la hiérarchie en réussissant les concours qui s’imposaient et a occupé de nombreux postes en saisissant les opportunités. Brossant rapidement son parcours par simple modestie, elle énumère une liste d’emplois impressionnante. « J’ai été successivement directrice adjointe des systèmes d’information, directrice des transports, directrice administrative et financière du syndicat mixte Transmanche, directrice de la culture, de la jeunesse et des sports avec pas moins de 180 agents sous mes ordres, directrice des sites et musées départementaux, puis chargée de mission partenariats culturels et mécénats, avant de rejoindre la mission patrimoine créée en 2019 pour occuper mon poste actuel. J’ai beaucoup appris dans tous les domaines et je suis heureuse de terminer ma carrière dans un univers qui me correspond totalement. Je suis véritablement passionnée par le patrimoine de toute époque sous toutes ses formes. J’aime l’architecture, le design, la décoration… le jardin aussi ! », ajoute celle qui a initié en son temps l’opération Jardins Secrets et créé la cellule parcs et jardins des sites et musées.
 
Isabelle nommée chef du bureau des transports
 
Isabelle s’intéresse principalement à deux bâtiments dans le cadre de ses missions. L’ancienne usine textile Lucien Fromage, située le long du Robec à Darnétal, mobilise une partie de son temps. « Elle est aujourd’hui occupée en partie par l'École Nationale Supérieure d'Architecture de Normandie et par les Archives départementales qui y conservent principalement les archives d’entreprises. Un projet de réhabilitation concerne cet établissement industriel en brique inscrit dans un beau cadre paysager ».
Le second bâtiment objet de toute son attention n’est autre que celui qui abrite son bureau : l’Hôtel du Département. Bien plus qu’un simple lieu de travail, celui-ci est à ses yeux une véritable page d’histoire. « C’est un magnifique exemple d’architecture contemporaine de l’après-guerre dont les locaux se voulaient fonctionnels et modernes, mais aussi très raffinés ».
 
Conscient de l’intérêt historique et architectural, le Département a sollicité en mai 2019 auprès du Ministère de la Culture la protection de son Hôtel au titre des Monuments historiques. De nombreuses recherches ont été menées pour constituer un imposant dossier. Ce travail a été pleinement récompensé : quatre des cinq bâtiments construits de 1957 à 1965 ainsi que la tour des Archives sont officiellement inscrits aux Monuments historiques depuis le 28 octobre 2020.
 
Au fil des éléments collectés, la démarche a pris de l’ampleur. Des travaux de rénovation du petit salon, baptisé Espace Jean Lecanuet, et du grand salon ont été entrepris pour retrouver leur prestige d’antan. Un jardin a également été réaménagé et le hall d’honneur bénéficiera lui aussi prochainement de soins particuliers. « L’inscription n’est pas anodine et entraîne une véritable prise de conscience collective. C’est un grand pas en termes de reconnaissance de la valeur du lieu. Par le passé, le bâtiment n’a pas toujours été traité avec le respect mérité. Aujourd’hui, le regard a changé. Les chantiers à venir intégreront impérativement ce souci de préservation et je finalise une charte du patrimoine fixant les règles du bon usage de ce décor ».


La qualité exceptionnelle des documents collectés a suscité l’idée d’une exposition en vue de les partager avec le plus grand nombre. Une équipe s’est constituée rapidement autour d’Isabelle avec Michèle Moallic en charge de la conservation du mobilier ancien et de la collection d’œuvres d’art de l’Hôtel du Département, Catherine Scelles, chargée de mission à la direction de l’appui au pilotage, de l’audit et de la modernisation, Catherine Dehays et Virginie Jourdain des Archives départementales. C’est ainsi qu’est née, tout naturellement, Audace et modernité, deux mots parfaitement choisis pour cette présentation qui retrace l’histoire de l’emblématique bâtiment. De nombreux panneaux informatifs enrichis de plans, photos, vidéos et divers documents écrits montrent l’usage de l’Hôtel au fil du temps et sa perception, de sa construction à nos jours. Des bureaux d’époque ont été reconstitués pour immerger le visiteur. « L’exposition est très riche même si nous n’avons exploité là qu’une infime partie des fonds à notre disposition. Le contexte sanitaire a induit le décalage de son lancement, intervenu le 19 mai, mais le succès rencontré entraîne sa prolongation ».
 
Audace et modernité est visible tout l’été et devrait perdurer jusqu’à la prochaine édition des Journées Européennes du Patrimoine, les 18 et 19 septembre. Deux fois par semaine, le mardi et le jeudi, Isabelle assure la visite commentée de 13h accessible gratuitement sur réservation (jauge maximale : 10 personnes). Pour le créneau de 15h, elle passe le relais à sa collègue Michèle Moallic. « Les profils sont variés et les échanges sont très intéressants. Certains anciens de la maison viennent partager leurs souvenirs. Des amoureux du patrimoine sont au rendez-vous, de simples curieux osent pousser la porte. Nous accueillons aussi des familles. Notre discours s’adapte à chaque fois en fonction de la composition des groupes. J’invite vraiment les lecteurs à venir nous voir pour découvrir le bâtiment sous un nouveau jour. Ceux qui n’auront pas cette opportunité bénéficieront tout de même d’une session de rattrapage : une visite virtuelle sera proposée après le démontage de cette exposition ».
 
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