Portrait d'agent : Maïlys Ludet, soigneuse animalière au Parc de Clères
11 août 2021 — Portrait
Bien loin des collègues de bureau traditionnels, Maïlys travaille entourée de singes, d’oiseaux ou de pandas. Ces derniers vivent dans le décor verdoyant du parc de Clères, sous l’œil vigilant et attentionné de cette soigneuse passionnée par son métier.

Une chose est sûre avec Maïlys, sa vocation de soigneuse est apparue très vite et rien n’a pu altérer sa certitude. « Depuis toute petite, je voulais soigner des animaux. Sans forcément être vétérinaire. Je m’imaginais plutôt sur le terrain, au plus près de l’action ! Dès le collège, j’ai commencé à chercher sérieusement des pistes d’orientation et j’ai pu faire mon stage de 3e à Océanopolis, le grand aquarium de Brest, la ville d’où je viens ». Travaillant autour de mammifères marins, Maïlys savoure son baptême du feu et poursuit sur sa lancée. Ses années de lycéenne s’achèvent sur l’obtention d’un bac STAV (sciences et technologies de l’agronomie et du vivant). « En suivant ce cursus, j’ai eu la possibilité de faire cinq semaines de stage sur une période de deux ans. Cela m’a emmené au parc zoologique d’Amnéville et au Zoo de la Flèche, près d’Angers. J’ai pu approcher des félins et des herbivores ».
A force d’engranger les expériences, le nombre d’animaux différents que Maïlys côtoie augmente aussi. Elle en est alors convaincue : avant de faire une école de soigneur, il lui faut encore affûter son savoir et muscler son dossier. « J’ai pris une année de transition pour faire le plein de stages et voir le maximum d’espèces. L’objectif était de devenir la plus polyvalente possible tout en accroissant mes chances d’être acceptée en école de soigneur ». Son pari est une réussite. Entre 2012 et 2013, elle fait escale aux Sables-d’Olonne, à Pont-Scorff et, en un échauffement qu’elle ignore, au parc de Clères. « Ces kilomètres parcourus, c’était une preuve supplémentaire de ma motivation. La suite s’est bien déroulée : j’ai été prise par une école, à Vendôme. J’y ai beaucoup appris et cela a débouché sur un autre stage, de trois mois, à La Vallée des Singes, dans la Vienne ». Les années passent et les déménagements continuent. « Je suis passée par Toulouse et Lille. J’ai pu gérer des rhinocéros, des capucins, des chouettes harfang, celles qu’on voit dans Harry Potter, ainsi que d’autres espèces encore ».
A ce stade de sa carrière, Maïlys aurait pu écrire un guide du routard des parcs français mais au lieu de cela, elle part continuer ses aventures en Seine-Maritime, en retournant au parc de Clères. « Cela fait quatre ans que j’y suis. Je m’occupe de plusieurs volières, dont celle avec les loriquets arc-en-ciel d’Océanie, qui constitue la nouveauté de cette année ! Je suis également les pandas roux, les tamarins empereurs et les chouettes lapones ». Goûtant chaque jour avec le même plaisir la compagnie des animaux, la jeune bretonne de 28 ans laisse transparaître un métissage harmonieux de force et de douceur. Un subtil équilibre allant de pair avec sa fonction, exigeante sur le plan physique mais qui requiert aussi de la délicatesse, quand il faut soigner de frêles volatiles exotiques par exemple. « Dans ce métier, il y a eu longtemps en très grande majorité des hommes mais cela commence à changer et c’est une bonne chose. Les filles sont largement capables de mener à bien toutes les missions, sans continuellement demander de l’aide aux collègues masculins. Bien sûr, ce n’est pas toujours facile, il faut travailler dehors, à toutes les saisons, tailler, désherber, transporter, mais nous devons nous efforcer d’être le plus indépendants possible ! »
Ces jours-ci à Clères, Maïlys trouve les journées trop courtes. « Ce qui est normal quand on aime ce qu’on fait ! Le courant avec les animaux passe très bien. Ils sont contents de nous voir et pas uniquement parce qu’on apporte des repas que nous concoctons chaque matin. Le lien se tisse aussi par l’observation, le nettoyage, et bien sûr les soins à apporter ». Toutefois, un écueil est à éviter : ne pas trop s’attacher. Pas toujours facile quand on voit les bouilles mignonnes de certains pensionnaires, comme les petits pandas. « Céder à l’anthropomorphisme, c’est une erreur à ne pas commettre. Les animaux ne fonctionnent pas comme nous. Ainsi, quand il y a un conflit, il ne faut pas forcément intervenir. On doit accepter l’ordre établi depuis toujours entre dominés et dominants ». Maïlys semble en revanche contester le sempiternel cliché du légendaire soleil normand. En cette brûlante journée de juillet, il est écrasant. « Si on peut faire vite pour la photo, je veux bien parce que ce n’est pas trop l’idéal avec ma peau de blanc-bec ». La comparaison, dite dans un grand sourire, évoque les oiseaux et c’est là bien plus qu’une simple coïncidence.