Comprendre l’océan pour mieux le préserver
04 juin 2025 — Environnement
Le 8 juin est traditionnellement la journée mondiale en faveur des océans, marquée cette année par l’organisation en France de la 3e Conférence des Nations Unies (Nice, 9-13 juin). En Seine-Maritime, département côtier, la Cellule de suivi du littoral normand (CSLN) agit au quotidien pour étoffer les connaissances d’un monde encore à bien des égards mystérieux.

Un long couloir désert de portes fermées, les murs tapissés de cartes et de documentation scientifique : c’est au dernier étage d’un bâtiment de l’Université du Havre que se trouve aujourd’hui hébergée (avant un déménagement prévu pour 2026) la Cellule de suivi du littoral normand. « En ce moment, tout le monde est sur le terrain ! », prévient Valérie Guyet-Grenet, sa directrice.
17 sites de suivi en Seine-Maritime
La structure a été créée dans les années 1980 à l’initiative d’un groupement d’acteurs publics et privés (dont le Département, l’Université du Havre, la préfecture, les grands ports et les représentants du secteur de la pêche) qui souhaitaient étudier les problématiques de pollution en baie de Seine. Sous un statut associatif, la structure s’est étoffée avec le temps, et regroupe aujourd’hui 16 personnes, dont principalement des ingénieurs et techniciens.Leur quotidien ? Évaluer le bon état de santé du littoral en produisant de la connaissance scientifique. « Nous réalisons une cinquantaine d’études par an pour le compte de différents donneurs d’ordre : services de l’État (Agence de l’eau, Office français de la biodiversité), groupements portuaires, industriels, ou encore des suivis de poissons dans les parcs éoliens », poursuit Valérie Guyet-Grenet. L’association est ainsi présente sur l’ensemble du littoral normand, dont 17 sites de suivi de la faune et de la flore des estrans depuis 1996 en Seine-Maritime, avec une forte concentration historique autour de la baie de Seine.
Une biodiversité très riche
Deux à quatre fois par an, des campagnes de prélèvements et d’inventaires sont ainsi organisées sur site : un travail de fourmi pour recenser des espèces qui parfois dépassent à peine 1 millimètre. Puis ces données font l’objet de longues analyses « en moyenne, pour un jour de terrain, il faut quatre mois de laboratoire ! » précise la directrice.L’objet de ces études est de comprendre l’évolution des écosystèmes, dans un milieu fortement anthropisé où le cloisonnement des espaces entrave le déplacement de la faune. « Parmi nos sujets de préoccupation du moment, nous avons par exemple la raréfaction de la crevette grise en baie de Seine ou encore la régulation des espèces invasives comme le crabe chinois ».
Tout ce qu’on jette à terre finit dans l’océan
Tournée avant tout vers l’expertise scientifique, la structure participe aussi ponctuellement à la sensibilisation du public en animant notamment les visites du littoral à Yport et à Fécamp, en partenariat avec le Département de la Seine-Maritime. Occupant plus de 70% de la surface du globe, l’océan n’est pas seulement une vaste étendue d’eau, mais bien la matrice de la vie sur terre.« Bien plus que les forêts, il fournit l’essentiel de l’oxygène que nous respirons. Et à l’inverse, tous les déchets que nous produisons finissent dans l’océan », rappelle Valérie Guyet-Grenet qui invite surtout le public à faire preuve de curiosité. « En bord de mer, les gens regardent d’abord le ciel et les oiseaux. Nous essayons de leur faire prendre conscience aussi de la multitude d’espèces qui existent sur l’estran, plus discrètes peut-être, mais étonnantes à observer ; comme la Blennie par exemple, un petit poisson territorial, très jaloux de sa flaque, dans laquelle, il vit à marée basse… ».
Pour en savoir plus, découvrez les visites du littoral