Le Département réinvente la tourbière d'Heurteauville
15 décembre 2020 — Territoire
Située au coeur de la vallée de la Seine, la tourbière d’Heurteauville deviendra dans quelques mois un lieu de promenade pédagogique accessible à tous.

L’activité sur ce site remonte à l’époque gallo-romaine. Il fut d’abord utilisé à des fins agricoles et de pâturage, puis exploité pour ses roseaux. L’extraction de la tourbe débuta un peu avant la Révolution pour un usage d’amendements et de combustible. Elle perdura jusqu’en 2007. La tourbière d’Heurteauville, au repos depuis la cessation de l’activité, connaît de nouveau du mouvement depuis quelques mois. Camions, engins de chantier et ouvriers occupent le terrain pour aménager un parcours invitant à la découverte de cette zone humide exceptionnelle.
Un site remarquable
Ce projet écotouristique a été initié par le Département de la Seine-Maritime, propriétaire de cet Espace Naturel Sensible. Dans le cadre de sa politique de préservation et de valorisation du patrimoine naturel, la collectivité entend redonner vie au lieu en sensibilisant le public à la biodiversité qu’il abrite. Plantes, mammifères, mollusques, oiseaux et insectes trouvent ici un habitat privilégié. Cet espace de 188 hectares, dont 45 hectares pour son étang, abrite plus de 1 500 espèces parmi lesquelles certaines sont strictement protégées.
En respect avec l’environnement, les divers équipements s’intègreront de manière harmonieuse dans le paysage. 4 kilomètres de sentiers agrémentés de stations pédagogiques se dévoileront aux visiteurs en leur expliquant les richesses et spécificités de ce milieu. Le chemin principal sera accessible aux personnes à mobilité réduite. Ce coin de verdure pourra être visité librement ou accompagné d’un guide et accueillera ponctuellement des animations pour les familles, les groupes ou les scolaires.
Point d’étape
Les travaux ont débuté en juin 2020 et l’ouverture au public est prévue au printemps 2021. Le calendrier initial devrait être tenu malgré l’impact de la crise sanitaire. Le cheminement se dessine, des structures et du mobilier en bois sont d’ores et déjà implantées. Dernièrement, une pelleteuse montée sur une barge s’est affairée à une opération de curage de l’étang, à proximité d’un fossé qui le relie à la Seine. Solidement appuyé sur ses crayons (vérins assurant la stabilité), la machine a déployé son bras sous l’eau pour supprimer une accumulation de vase à l’endroit où flottera un bâtiment comprenant une salle pédagogique et un espace d’exposition. La création d’une surprofondeur de 3 mètres garantit la sécurité et la pérennité de l’installation. Celle-ci sera ancrée sur de longs ducs-d’Albe (tubes en acier) mesurant 21 mètres. Il faudra en effet forer pas moins de 15 mètres de tourbe pour atteindre la roche et il est nécessaire de prévoir une marge en cas de crue. Divers morceaux de ferraille ont par ailleurs été sortis de l’eau en amont, mais l’opération a malgré tout subi un léger contretemps, l’un de ces déchets ayant entraîné le percement d’un flotteur de la barge. Après le curage, place au clapage. Les 600 m3 de matières évacuées ont séché dans une zone de stockage avant d’être épandues sur le site. En amont, une analyse spécifique des sédiments avait confirmé la possibilité de leur réemploi. Le cas échéant, la moindre trace de pollution aurait nécessité une évacuation de ces déchets vers un centre spécialisé.