Le 27 janvier 1945, à 15 heures, l’Armée rouge entrait dans le camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, en Pologne. Les soldats soviétiques découvraient alors 7 000 survivants, au milieu de centaines de corps de détenus, la plupart exécutés par les SS pendant l’évacuation du camp. Mais, dans ce seul vaste complexe, emblématique de la « Solution finale », plus d’un million de personnes ont été assassinées par les Nazis, de sa création en avril 1940 à son abandon par les SS le 17 janvier 1945. Au total, on estime à plus de six millions le nombre de Juifs, Résistants, opposants politiques, Roms ou encore homosexuels qui ont été exterminés dans l’ensemble des camps de la mort.
L’impensable
Arrêté lors de la grande rafle de Rouen des 15 et 16 janvier 1943 puis déporté le 11 février à Auschwitz, Georges Erdelyi, seul survivant de sa famille, raconte comment se déroulait l’arrivée des convois de déportés : «
Français, Grecs, Hollandais, Polonais, Belges, subissaient sans distinction le même sort. Femmes et enfants, vieillards malades étaient dirigés aussitôt vers les chambres à gaz . (…) J’ai vu un SS arracher un enfant des bras de sa mère parce qu’il pleurait, le jeter en l’air et le tuer d’un coup de revolver (…) Dès que les gaz arrivaient dans la chambre, on entendait des cris pendant environ 5 à 7 minutes, puis la mort devait suivre. J’ai vu personnellement dans le courant de juin 1943, au four n°1, un monceau de cadavres représentant 3 à 4000 personnes. »
Ce témoignage, recueilli à son retour par la police judiciaire française, est issu du fonds de la période 1939-1945 des Archives départementales. Il renferme de nombreux documents de déportés, photographies et autres témoignages de survivants du département collectés. Ceux-ci sont numérisés et consultables à la tour des Archives à Rouen.
Transmettre
Outre la conservation et la valorisation de ces archives, le Département œuvre pour perpétuer la mémoire des victimes et de la barbarie nazie. Ce lundi 27 janvier, plusieurs classes de collégiens d’Aumale se rendent, par exemple, dans le cadre du
CRED76, au
musée de la Résistance et de la Déportation de Forges-les-Eaux. Celui-ci abrite et expose, notamment, une collection unique d’objets et de témoignages collectés auprès de survivants de la Seine-Maritime. En 2024, le Département a attribué une subvention de 2 000 euros pour soutenir le projet de « Dictionnaire biographique des victimes du nazisme en Normandie ». Conduit par une équipe de chercheurs des universités de Rouen et de Caen avec la contribution d’associations et de collectivités locales, il vise à recenser et à rendre hommage aux victimes tombées sous les balles ou dans les camps, au travers de notices biographiques illustrées de photos pour redonner à chacun un visage. À terme, cela donnera lieu à un ouvrage pédagogique qui pourra être partagé dans les établissements scolaires. À ce jour, près de 5 500 victimes ont déjà été recensées à l’échelle de la région.
ÉVÉNEMENT
Ce lundi soir, à 20h30, le cinéma Grand Large à Fécamp projette le documentaire J’aimerais qu’il reste quelque chose. Son réalisateur, Ludovic Cantais, originaire de Fécamp, a suivi une équipe de bénévoles du Mémorial de la Shoah à Paris qui a recueilli des témoignages et archives personnelles de déportés et de leurs familles. Pendant près d'une heure vingt, ce film va ainsi à la rencontre de ceux qui racontent mais aussi de ceux qui écoutent pour sauvegarder et transmettre le souvenir des victimes de l’Holocauste.