Patrick Bizet : « Quand je vois les enfants sourire, je me dis que j'ai tout gagné »
22 avril 2024 — Sports
Le Département a fait du handicap la grande cause de l’année 2024. Et en cette période préolympique, il semblait tout naturel de parler sport. Durant cette quinzaine de vacances, quatre portraits d’animateurs et animatrices impliqués dans le mouvement handisport sont à découvrir. Aujourd’hui, rencontre avec Patrick Bizet, président de Sport, autisme et HANDicap en milieu rural 76, à Neufchâtel-en-Bray.
Régulièrement, Patrick Bizet se rend dans les écoles et les collèges pour faire de la sensibilisation au handicap, « et plus généralement aux différences ». « Je leur explique que le handicap, cela peut commencer tout simplement par une paire de lunette. » S’apercevoir un jour que l’on ne peut plus accomplir certains gestes ou que l’on perd certaines aptitudes qui, jusque-là, nous semblaient naturels et apprendre à faire autrement, c’est un peu l’histoire de Patrick Bizet. Cet ancien sportif, pratiquant le handball depuis l’âge de 18 ans, se blesse un jour de match et c’est la descente. Après une mauvaise opération, il perd la mobilité d’un genou puis de l’autre. « Quand tout va bien, on regarde droit devant soi, mais quand arrive un problème, on ouvre son champ de vision », reconnaît-il. Passer du monde valide au monde du handicap, c’est une page qu’il faut tourner « et c’est toujours difficile ». Face au jugement et au regard des autres, comment puiser de nouvelles forces ?
Une cinquantaine de licenciés
Patrick Bizet aurait voulu continuer le handball, mais il y a dix ans, les clubs de hand adapté sont encore rares. En 2012, il rejoint pourtant le club de Dieppe, bien décidé à reprendre une activité sportive. Au lieu d’être joueur, il deviendra animateur. « En m’intéressant, j’ai découvert une autre forme de handicap, l’autisme, des enfants privés de sport. Comme je suis sensible à l’exclusion, je me suis investi. » Il se forme donc à l’accompagnement, expérimente, et finalement se lance avec deux premiers jeunes dans son ancien club de Saint-Nicolas-d’Aliermont. Avec le temps, il gagne la confiance des enfants et des parents. Il reçoit aussi le soutien de l’ancienne gymnaste Chantal Nallet, vice-présidente du Comité départemental olympique et sportif de la Seine-Maritime. Pendant dix ans, Patrick Bizet apprend, puis en juillet 2022, il monte sa propre structure Sport, autisme et HANDicap en milieu rural76 et ouvre plusieurs créneaux dans des salles communales : à Dieppe, Envermeu, Neufchâtel-en-Bray et Blangy-sur-Bresle. Des deux premiers jeunes, il est passé depuis à une cinquantaine de licenciés de 2 à 43 ans dont le plus ancien le suit depuis 7 ans.« Avec eux, je travaille la motricité, la coordination des mouvements, mais aussi la peur. Il faut partir du principe que pour un enfant autiste, tout ce qui pour nous paraît simple devient compliqué, comme le fait d’étirer un bras ou même simplement d’attendre. Lancer un ballon, par exemple, est perçu comme un acte d’agression. Cela génère du stress et de la fatigue. » Dans ce domaine, être animateur demande donc de la patience et une vraie capacité à se remettre en question.
Se sentir utile
Devenu ambassadeur 76 de la commission Sport&Handicap de la Seine-Maritime, Patrick Bizet sait aujourd’hui pourquoi il se lève le matin : « les jeunes m’apportent une forte motivation à bouger et je me sens utile. J’ai d’ailleurs d’autres projets ! » lance-t-il, enthousiaste, comme trouver un lieu fixe, où sa fille pourrait même rejoindre l’aventure ou encore ouvrir ses activités aux personnes atteintes de maladies invalidantes.Sur sa plaquette, il est écrit Ensemble développons le sport pour tous, en lettres de toutes les couleurs. Pour oublier sa douleur, Patrick Bizet se concentre sur celle des autres « et quand je vois les enfants sourire, je me dis que j’ai tout gagné ».
Pour contacter Patrick Bizet : Sport, autisme et HANDicap en milieu rural 76 - 06 88 56 54 33 - sportautismehandicap76@gmail.com
