Un après-midi aux Jardins suspendus
19 août 2025 — Territoire
S’asseoir avec un bon livre ou simplement flâner, sentir, au milieu de la végétation, la caresse du vent, l’air qui se charge d’humidité et de parfums fugaces, s’émerveiller : l’été au jardin annonce des après-midis délicieux. Chaque semaine, partez à la découverte d’un jardin de Seine-Maritime. Aujourd’hui, offrez-vous un voyage suspendu au-dessus du Havre.

À l’entrée des Jardins suspendus, les murs de brique du fort de Sainte-Adresse se dressent fièrement. Mais une fois la porte franchie, l’ancienne vocation militaire du lieu s’oublie. L’air se charge de senteurs florales, le vent venu du large s’invite dans les allées et la lumière joue sur les feuillages. Dans ce décor inattendu, la forteresse du XIXᵉ siècle se transforme en écrin de verdure, ouvert sur l’horizon.
Longtemps laissé à l’abandon, ce site a été reconverti en jardin botanique en 2008. Aujourd’hui labellisé « Jardin remarquable » et « Jardin botanique de France et des pays francophones », ce vaste espace de 17 hectares, perché sur les hauteurs de la cité Océane, invite à la flânerie.
Voyage botanique le long des remparts
La promenade haute longe les remparts et relie quatre anciens bastions, aujourd’hui transformés en jardins thématiques : Amérique du Nord aux cornouillers éclatants, Asie de l’Est aux glycines odorantes, hémisphère Sud aux essences plus rares, jardin des explorateurs où les plantes racontent d’autres continents. Les ambiances se succèdent comme les pages d’un carnet de voyage. Un détour mène vers un bosquet d’érables japonais, un autre vers un massif australien éclaboussé de soleil. Les feuillages frémissent doucement et chaque recoin garde sa part de surprise.Pause gourmande et serres exotiques
En contrebas, le salon de thé L’Orangeraie offre un moment de détente sous un parasol. On y déguste un café, un jus de fruit frais ou une part de tarte, les yeux encore accrochés aux bastions voisins. La pause se fait douce, bercée par le murmure des conversations et les senteurs qui montent des massifs alentour.Juste à côté, les serres de collection dévoilent un univers plus dense, chaud et légèrement humide. Les couleurs des orchidées éclatent à l’ombre, les bégonias déploient leurs feuillages finement nervurés, les caféiers gardent leurs fruits verts dans la pénombre. Tout autour, d’autres jardins prolongent la déambulation : celui des senteurs, où un simple geste sur une feuille libère un parfum ; la roseraie et ses corolles pleines ; le jardin Cayeux, hommage à des horticulteurs havrais ; ou encore un labyrinthe végétal, où l’on se perd pour le plaisir.
Trois portes ouvertes sur l’horizon
Dans le jardin des explorateurs contemporains, près de l’entrée Sud, une installation attire le regard : Les Portes de Mossoul. Cette œuvre éphémère de Louis-Cyprien Rials, visible jusqu’au 21 septembre dans le cadre de la 9ᵉ édition de Un Été au Havre, se compose de trois hautes portes en albâtre, gravées sur leurs deux faces et disposées en cercle sur un lit de sable. Inspirées des religions monothéistes et façonnées avec l’aide d’artisans irakiens, elles s’ouvrent sur le ciel et sur le large. Leurs lignes pures captent la lumière, le vent les traverse et leur présence impose un temps de silence.Quelques pas plus loin, le regard se perd à nouveau vers l’horizon. La table d’orientation invite à suivre du doigt les noms inscrits et à retrouver, dans le dégradé des bleus et des gris, la silhouette des immeubles Perret, des imposantes grues portuaires et des cargos venant du large. Tout autour, le vent salé apporte des effluves de fleurs et le bruissement des feuilles se mêle aux cris lointains des mouettes.
Dans cet après-midi d’été, les Jardins suspendus deviennent un lieu où l’on marche sans se presser, attentif aux formes, aux couleurs et aux sons, jusqu’à oublier le monde en contrebas.
Pour plus d’informations : https://lehavre.fr/annuaire-equipements/les-jardins-suspendus